L’article précédent évoquait le passage d’une économie de marché à une économie collaborative en partie basée sur la « gratuité ». Cette notion de gratuité avait déjà été abordée à travers cet article.
Face à une situation financière et économique difficile, ne serions-nous pas plutôt rentrés dans l’économie de la « gratte oui t’es » ?
Particuliers, collectivités, entreprises, Etats, tous, à l’heure des coupes budgétaires mettent en place des politiques d’économies et de réduction des coûts. Que signifie réduire les coûts ? Ces réductions sont-elles compatibles avec la mise en place d’alternatives locales éthiques ?
Réduire les coûts
- Les économies d’échelles permettent d’optimiser les ressources utilisées. Cette stratégie poussée au maximum conduit à la création de gros acteurs qui concentrent argent et pouvoir sur lesquels il est ensuite difficile d’établir un contrôle.
- L’optimisation fiscale, autorise de grosses économies pour les plus fortunés, mais entraîne un déficit important des finances publiques.
- La mutualisation des déficits fait supporter à l’ensemble de la collectivité nationale des dettes initialement contractées par des acteurs privés.
- La prise en charge par la collectivité nationale de la pollution générée par des acteurs privés bénéficie aux uns au détriment de l’intérêt général.
- L’exploitation d’une main d’œuvre à bas coût permet de faire jouer la concurrence entre pays n’ayant pas les mêmes législations de protection sociale et de réduire le prix d’un produit.
- Le choix systématique du moins cher empêche l’émergence d’une offre de produits ou de services de qualité.
Face à l’impasse dans laquelle nous conduit la réduction excessive des coûts, qui serait prêt à payer plus cher des produits ou services auprès d’acteurs éthiques et locaux ?
Financer et mettre en place des alternatives éthiques et locales ?
Dans un contexte de désindustrialisation nationale et de chômage massif, certains citoyens regroupés dans différents collectifs tentent de s’auto-organiser et de proposer des systèmes alternatifs fondés notamment sur des circuits courts, moins de complexité, plus de responsabilité pour les individus et plus de place aux communs. Encore balbutiants, des initiatives comme Villes en Transition, Alternatiba…. font souffler un vent de fraîcheur et d’espoir.
En faveur de la résilience locale, basés sur les valeurs du partage et d’échanges en ayant en tête des changements environnementaux majeurs, ces acteurs souvent non institutionnels tentent des expérimentations qui soulèvent nombre de questions.
Comment mettre en place ces expérimentations sans financement ? Certains ont répondu en faisant les choses sans attendre de financement. Est-ce une si bonne idée ?
Peut-on croire dans un système largement basé sur l’économie de marché que ce type d’initiative pourra apporter des solutions pérennes à l’ensemble des populations ? Comment passer de potentielles alternatives individuelles ou de petites dimensions à une échelle plus vastes ? Les coopératives sont-elles l’outil du passage à l’échelle ?
Suffit-il de calquer un fonctionnement associatif sur une coopérative pour que tout fonctionne dans le meilleur des monde ? Les coopératives ne sont-elles pas plus proche du modèle entrepreneuriale qu’associatif ?
Comment encadrer les risques de dérives de captation de l’effort commun au profit de quelques uns ? Travailler plus dans une coopérative pour « gagner » moins que le secteur privée traditionnel ? …
Face à ces interrogations, la solution la plus pragmatique reste de faire en étant conscient qu’aucun système n’est parfait et qu’intérêt, joie, bonheur … se trouvent avant tout dans le chemin à parcourir plutôt que dans le but à atteindre. 🙂
CD
Le 8/10/2014