Le design libre !

licence art libre

L’association Entropie a publié en 2013 un catalogue de 20 objets à réaliser en design libre. Le labo entropie s’est donné pour tache de « fabriquer des objets à vocation écologique ». Nous avons eu l’occasion de le feuilleter et de lire l’article écrit par Christophe André en introduction. [Quelques éléments sur son contenu se trouvent ici.]
Beaucoup de ses idées ont fait écho à nos propres constats nés de la conduite d’un projet sur les déchets d’équipements électriques & électroniques.
Ci-dessous quelques prises de notes ponctuées de quelques réflexions personnelles qui, nous l’espérons, seront utiles à ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur le design libre.

Qu’est-ce que le design ? En quoi le design libre impacte-t-il « l’obsolescence programmée » ? Quel modèle économique pour ce projet politique ?

Design, vous avez-dit designs ?

« Le Design consiste à créer une documentation (plan, détails de construction) d’un objet ou d’un système, situé à mi chemin entre l’art et la science. » Son rôle : « répondre à des besoins, résoudre des problèmes, proposer des solutions innovantes ou inventer de nouvelles possibilités dans le but d’améliorer la qualité de vie des êtres humains. »

On distingue 3 types de design :

  • le design d’auteur
  • le design industriel
  • le design libre.

Ce dernier, « incite l’utilisateur à s’impliquer dans le processus de conception et de réutilisation pour sortir de la dichotomie entre producteur et consommateur. Il a aussi pour but de réorganiser le système technique. »

Le libre, un design impactant l’obsolescence programmée & notre rapport aux objets ?

L’obsolescence programmée

Apparue en 1932 aux Etats Unis puis ayant connu son essor dans les années 50, « l’obsolescence programmée est une méthode qui permet d’augmenter artificiellement la consommation. Elle consiste à fabriquer des objets dont nous connaissons de façon précise la date de péremption. »
Christophe André parle de « contre-ergonomie » à son propos. Il s’agit en effet de « concevoir des objets qui ont une durée de vie inférieure à leur temps d’utilisation en forçant ainsi l’utilisateur à changer de comportement. » Pour illustrer par l’exemple, Christophe André évoque l’une de ses inventions : une flûte de champagne qui se met à fuir au contact du précieux liquide…
Pour lui [nous partageons son analyse], il s’agit d’un symptôme de l’économie capitaliste. « Il serait vainc de lutter contre l’obsolescence programmée sans vouloir transformer le système technico-économique dans sa globalité. »

Il faut se réapproprier l’objet. Halte à l’objet d’aliénation (lié à une marchandisation excessive) et retour à l’objet, source de libération !

Un rapport éclairé & concret aux objets

Quelques pistes de libération en transformant un rapport abstrait aux objets qui nous entourent en un rapport éclairé & concret :

1. éclairé …

  • Savez-vous qui, comment et dans quelles conditions sont réalisés les objets que nous consommons ?
  • Avez-vous identifié quels étaient les matériaux utilisés et où ils avaient été réalisés ?
  • Vous êtes vous demandé pourquoi le produit n’était souvent pas « made in France » ?
  • Avez-vous conscience du vrai prix des choses ?
  • Comprenez-vous comment un produit que vous avez acheté fonctionne ?

2. … & concret

Le meilleur moyen de rétablir un rapport concret, c’est encore de réaliser soi-même l’objet.
Une occasion de devenir un « prosommateur » . C’est à dire, selon Alvin Toffler, d’être « un individu qui prend part à la fabrication de ce qu’il va consommer ».
Et si, dans une certaine mesure et limite [impensable de tout faire soi même] nous en revenions à l’autoproduction de certains biens et services ? Cela afin de rééquilibrer « production intégrée (ou hétéronome) et production vernaculaire (ou autonome) » et ainsi, pleinement profiter de la complémentarité de ces deux approches.

Le design libre, projet politique d’émancipation et d’autonomie avec un modèle économique ?

Un projet organisationnel donc politique

La politique, c’est l’organisation des humains entre eux initialement au sein de la cité mais aussi à travers le monde.
Une production autonome c’est « celle qui permet à chacun de produire de manière très souple à partir de ressources locales et des moyens techniques locaux, en vue de satisfaire ses propres besoins et ceux d’un groupe social relativement restreint. »
Pas d’autonomie politique sans autonomie matériel. Il faut non seulement les matières premières mais aussi les connaissances. Ces connaissances peuvent s’acquérir grâce à une documentation de qualité voire des passeurs d’information (formateurs, infomédiaires, documentalistes…). C’est elle qui déterminera « la prise d’autonomie des futurs utilisateurs ».
Ajoutons cependant que « la limite du libre, c’est la complexité des objets qu’on met en libre ». En clair, plus un objet sera complexe, moins de gens seront à même de le réaliser. Et plus il sera complexe et compliqué, plus il coûtera cher…

Quel modèle économique ?

« La monnaie, c’est la mesure de toute chose ». On ne créé pas à partir de rien. Il faut des matières premières, des outils, un lieux, de la documentation réalisée par des gens… Le design libre ne peut faire l’économie de l’argent. Quel modèle économique ?

Christophe André, à partir du labo Entropie évoque les pistes expérimentées :

  • Atelier d’auto-production accompagné
  • Atelier brico-écolo
  • Conférences
  • Publications
  • Dons

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D’autres acteurs se sont lancés dans l’aventure du design libre : Système D, Superflex, Open Source Ecologie, Arduino, Ardheia, Usinette… Et pourquoi pas vous ? Rejoignez le mouvement. Et si vous avez besoin de conseils, pensez à InfoGnuEureka et ses partenaires.;)

Cet article comme l’article initial dont sont extrait nombre de citations est placé sous Licence Art libre 1.3.

Le 30/04/2015
Cyril Desmidt

2 Commentaires

  1. Pingback: La durabilité des équipements électriques & électroniques : rêve ou future réalité ? | Electrocycle, l'Asso D 3E

  2. cyril

    Une intervention de Christophe André lors du hsf-pses 2016 : https://www.youtube.com/watch?v=uL_Nwkk6tEY

    Les questions juridiques sur le design libre (quelles licences ?) :
    Énergie libre, mini éolien libre, matériel libre – Antoine C https://www.youtube.com/watch?v=tdF6CMw3Gvs
    Que manque-t-il pour avoir des licences Open Hardware qui fonctionnent ? Calimaq
    https://www.youtube.com/watch?v=CKgCxua1g1k

    Sources : https://www.pseshsf.org/fr/archives-et-videos/
    Consulté le 11/07/2016

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