Face au dérèglement climatique, à la perte de biodiversité et au franchissement de 6 des 9 limites planétaires, causés par les activités humaines, une autre économie depuis quelques années émerge « l’économie circulaire », appelée à remplacer celle que nous pratiquons « l’économie linéaire ». Vœu pieu ou réalité ?
Une journée organisée le 3 oct. 2024 au Pavillon de l’Arsenal par la Chaire de l’ESS et la métropole du Grand Paris faisait le point.
Le matin était consacré à la remise des trophées de l’économie circulaire de la métropole du Grand Paris. Ces trophées récompensent des projets associant une ville et une structure (associative ou entrepreneuriale) ayant obtenu un co-financement de la métropole du Grand Paris et incarnant sur son territoire l’économie circulaire. La liste et la présentation des projets figurent sur le site : https://www.grandpariscirculaire.org/articles/h/presentation-des-laureats-des-trophees-de-l-economie-circulaire-et-solidaire-2024.html?n=20241007120426 .
De belles initiatives qui tentent de porter l’économie circulaire à une certaine échelle. Plébiscitées par la nouvelle ministre, Marie-Agnès Poussier-Winsback, de l’Économie sociale et solidaire, de l’Intéressement et de la Participation, et le président de la métropole du Grand Paris. Une occasion aussi durant la pause déjeuner d’échanger et réseauter entre acteurs de l’ESS.
L’après-midi, des enseignants chercheurs de la chaire Économie circulaire et métabolisme urbain présentaient certains de leurs travaux autour du thème « DÉPASSER LES SUCCESS STORIES : LES RÉALITÉS COMPLEXES DES MODÈLES ÉCONOMIQUES DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE« . On y apprenait notamment que :
- les chiffres stagnaient,
- malgré de nombreux pilotes, il y avait peu de passages à l’échelle,
- les grandes entreprises ne parvenaient pas à gérer la cohabitation entre leurs projets circulaires et leurs métiers linéaires,
- il était nécessaire de développer des compétences managériales spécifiques,
- l’économie circulaire bien qu’on en parle 3 fois plus qu’il y a 5 ans ne représentait que 7% (selon le Circularity gap report) de notre économie globale*,
- au delà des business models, il fallait transformer le cade règlementaire . Des (anciens) acteurs de l’économie circulaire ont évoqué les difficultés rencontrées ayant souvent conduit à une liquidation judiciaire.
Une jeune entrepreneuse en économie circulaire, à l’écoute des témoignages du panel des intervenants a remonté sa colère et incompréhension. A l’inverse de ce qu’il faudrait faire, notre économie basée, sur le système capitaliste, malgré quelques initiatives demeure linéaire. Et, les modèles alternatifs des projets entrepreneuriaux présentés associant collectivités et acteurs privés ne semblent ni reproductibles sans adaptations, ni à l’échelle.
Pourtant, pour reprendre/détourner un slogan des années 80, « There is no alternative. » Nous ne devons pas continuer à surconsommer, gaspiller nos ressources et polluer notre planète. Il nous faut apprendre à changer nos modes de vie et produire différemment. Un voeu pieu jusqu’à présent…
A mettre en parallèle avec les posts sur l’arrêt probable des subventions pour financer Novethic ou les réflexions de l’économiste Timothée Parrique, auteur de « Ralentir ou périr » : « il va falloir réécrire une (grosse) partie du code de notre système économique actuel. »…
* »La part des matières secondaires consommées par l’économie mondiale est passée de 9,1 % en 2018 à 7,2 % en 2023, soit une baisse de 21 % en cinq ans. »