Libre, open source mais pas gratuit

Sébastien Broca a publié un livre sur les logiciels libres, en open-source et sous licence CC BY NC ND. Il a fait le choix de l’intituler, l’utopie des logiciels libres : du bricolage technologique à la réinvention sociale. C’est un livre de 288 p. dont nous recommandons la lecture à tous. Il est librement téléchargeable sur le site de l’éditeur, le Passager clandestin, et coûte 17 euros en version imprimée.

Nous puiserons allègrement dans ce réservoir de connaissances sur le libre et l’open source. Cela, pour mieux faire comprendre à d’éventuels lecteurs néophytes : le libre, l’open source ainsi que la philosophie d’InfoGnuEureka alias IGE.
L’occasion aussi de faire un parallèle entre le logiciel libre, l’open source et le choix d’un nom compliqué InfoGnuEureka souvent remplacé par IGE, plus facilement mémorisable et « open ».  😉

1. Du logiciel libre au « monde du libre »

Christopher M. Kelt dans sa dédicace de l’utopie des logiciels libres pose l’importance du mouvement des logiciels libres dans notre société. « Le logiciel libre n’est pas simplement du logiciel, pas plus qu’il n’est une idéologie parmi d’autres. […] Le logiciel libre unit ingéniosité juridique, habileté technique et organisation coopérative comme peu d’autres activités le font. Cependant, ces pratiques ne se limitent pas à la réalisation de logiciels ; nombre de ceux qui se sont confrontés au logiciel libre en reviennent avec des idées nouvelles pour changer le monde qui les entoure … » p. 10

Pas de logiciels ou de matériels libres sans individus militant pour son utilisation, son développement et sa défense : les libristes. Pour Sébastien Broca, ils sont « un sous-groupe, au sein de l’ensemble plus vaste des hackers. » p. 24
« Les libristes se distinguent aussi par leur rapport aux objets techniques. Promouvoir les logiciels libres (et plus largement les technologies ouvertes et interopérables), c’est pour eux permettre aux utilisateurs de contrôler leurs machines au lieu d’être contrôlés par elles. » p. 24

« Recherche d’autonomie dans le travail, promotion d’un rapport actif aux technologies et défense de la circulation de l’information, constituent le cœur de l’ethos des libristes« . p. 26 Par ailleurs, « certaines questions sociales transversales, telles qu’elles se posent dans le contexte actuel, peuvent être avantageusement éclairées par l’exemple du Libre. Au rang de ces questions figurent les attentes associées au travail, le rapport que nous entretenons avec les objets techniques ou encore l’exigence croissante de transparence« . p. 105
Plus qu’une philosophie une « éthique hacker » « fondée sur la passion et l’intérêt personnel [qui], supplante peu à peu la vieille éthique protestante reposant sur le devoir et l’intérêt financier« . p. 108

2. Le monde de l’open-source

Si les libristes sont porteurs d’une idéologie émancipatrice, il n’en demeure pas moins qu’il faut vivre dans un monde où les rapports sociaux sont souvent conditionnés à l’argent disponible sur un compte en banque acquis en travaillant pour une entreprise.

Les partisans, comme Linus Torvalds, de l’open source se disent plus volontiers « pragmatiques ». Sébastien Broca explique dans les pages 62-63 pourquoi l’expression « open-source » a émergé.
« [D]e nombreuses entreprises informatiques demeuraient […] réticentes à s’engager dans le logiciel libre. Elles étaient notamment rebutées par l’appellation free software, spontanément associée à une idée de gratuité peu favorable aux affaires. C’est pour tenter de mettre fin à ces ambiguïtés et favoriser la pénétration du logiciel libre dans le monde de l’entreprise, que l’expression « open source » fut forgée […].
L’expression open source avait certes l’avantage d’éliminer la confusion entre liberté et gratuité […]  Mais elle conduisait aussi à passer sous silence la question de la liberté, qui avait toujours été au cœur [du combat de Richard Stallman].
[Les motivations des partisans de l’open source] combinaient une volonté pragmatique de ne pas rater le train de la croissance du secteur des nouvelles technologies et une résistance viscérale au discours social tenu par Richard Stallman, perçu comme dangereux et « idéologique ». Le terme open source fut ainsi créé pour « se débarrasser de l’attitude moralisatrice et belliqueuse qui avait été associée au « logiciel libre » par le passé, et en promouvoir l’idée uniquement sur une base pragmatique et par un raisonnement économique […]
Les terminologies free software et open source software impliquaient par conséquent davantage qu’un débat sémantique. Elles mettaient en mots la différence d’approche, manifeste depuis quelques années déjà, entre le projet GNU et Linux. Elles séparaient le monde du logiciel libre entre un mouvement social et une tendance managériale.« 

Dès 2007, un billet publié sur Framablog revenait sur le bénévolat des libristes quant à la programmation de Linux.

On peut être libre et open source ou juste open source. On peut également n’être ni libre, ni open source mais « gratuit » comme nous le montrera cette dernière citation.

3. La gratuité, piège à c… ?

« Depuis l’avènement de l’Internet grand public, le nombre de données en circulation connaît une croissance exponentielle, créant ce qu’on appelle les big datas. Dans ce contexte, le droit à la vie privée est mis à mal par la profusion d’informations personnelles récoltées en ligne par des entreprises. Un acteur comme Facebook centralise ainsi une somme considérable de données sur les personnes, sans que celles-ci sachent vraiment comment ces données sont utilisées ou revendues. Les enjeux économiques sont considérables. Une étude américaine de 2012 estime que le marché des données personnelles des Européens pèse 315 milliards de dollars. Les principaux acteurs de ce marché sont les géants de la Silicon Valley (Google, Facebook, Amazon, Apple, etc.), dont les business models reposent – dans des proportions diverses – sur la commercialisation à des tiers d’informations sur leurs utilisateurs, essentiellement à des fins de publicité personnalisée. » pp. 197-198

Les prestations d’InfoGnuEureka, ne sont pas gratuites ! IGE a fait le choix du pragmatisme en respectant autant que faire se peut les principes du libre.

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A la lecture de cet article, nous espérons que les concepts du libre, d’open source & de gratuité vous seront plus familiers.

Le 31/12/2013
Mis à jour le 12/08/2015
Cyril Desmidt

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