Réflexions autour du concept d’UMENS

Depuis 2020, l’association Electrocycle a été amenée à s’intéresser au devenir des vieux smartphones. D’abord sous l’angle de la réparation matérielle ainsi que de la pédagogie, puis celui du reconditionnement logiciel, tout en réfléchissant aux débouchés. Parmi les débouchés, un concept central dans le « système de location ou cession socio-éducatif de vieux smartphones » (SLoCS) : l’unité de médiation écologique, numérique et sociale (UMENS).
Qu’est-ce qu’une UMENS ?
Quelles problématiques soulève-t-elle ?
Quelles réciprocités imaginées ?

1. Qu’est-ce qu’une UMENS ?

C’est une solution théorique et bien pratique pour répondre à la question du devenir des vieux smartphones traités par l’association Electrocycle !

1.1 Un lieu où quelques vieux smartphones retrouvent une 3e vie pour être prêtés/louer à différents publics

L’une de ses premières fonctions est d’être un lieu où quelques vieux smartphones retrouvent une 3e vie pour être prêtés à différents publics qui en auraient besoin.

1.2 L’expérimentation avec l’équipe Tumo

Nous avons pu imaginer un tel lieu grâce à une coopération initiée en 2022 avec l’équipe Tumo du Forum des images à l’académie du climat. Les membres de l’équipe organise différents ateliers pour un public de scolaires ne disposant pas de smartphones. Ils ont trouvé l’usage pour des iphones4 ainsi que des smartphones sous Android 6.
Le premier cas d’usage est un outil de captation vidéo lors d’un jeu de rôle filmé où les élèves endossent les personae d’un journaliste et d’un expert climat entrant en interaction. Cela leur permet de conserver une trace de leur performance et de s’améliorer.
Le second, permet d’installer une appli sur un ou plusieurs smartphones utilisé(s) lors d’ateliers sur le son ou le stop motion.
Deux cas d’usage où les vieux smartphones sont transformés en outils pédagogiques.
Un 3e, issu d’expérimentations sur les capteurs de smartphones, devrait voir le jour en 2025. Possiblement dopé par l’utilisation de vieux smartphones dédiés à la visio entre Fablabs pour avancer de concert sur un projet commun autour de l’utilisation de Phyphox voire FizziQ.

1.3 Définition « officielle »

Un atelier commun entre deux enseignants de l’université Sorbone Paris Nord, une partie de l’équipe Tumo et celle d’Electrocycle a abouti à un consensus pour définir une UMENS comme un « Espace d’expérimentation permettant de participer à des activités d’élaboration, de formation et de partage des savoirs en lien avec les enjeux de sobriété numérique et écologique. « 

A ce jour, en plus de l’espace Tumo à l’Académie du climat, nous avons travaillé avec le fablab de Sainte Geneviève des Bois, le Ludomaker de l’université de Villetaneuse, la maison associative et citoyenne du XIe ainsi que très récemment avec la médiathèque de la Canopée. Ces expériences de prêts nous ont permis d’identifier quelques problématiques de fonctionnement.

2. Quelles problématiques soulevées à l’occasion de différentes expérimentations terrain ?

La fonction principale des UMENS au sein du système en cours de prototypage est celle de permettre l’emprunt pour une courte durée de vieux smartphones pour « dépanner » voire dans certains cas, servir au quotidien.

Qui gère les emprunts ? Pour combien de temps ? Quelles sont les règles concernant cet emprunt ?
Que faire lorsqu’un des smartphones cesse de fonctionner ? Qui en assure la maintenance et en combien de temps ? Comment mettre en place la logistique entre ce lieu d’accès au numérique et le lieu de réparation et reconditionnement ?
Quel reporting mettre en oeuvre pour l’évaluation des expérimentation d’emprunts ?
Quel public pour les vieux smartphones mis à disposition auprès de différentes UMENS ?
Qui finance ce service d’emprunt ?

Si certaines réponses se dessinent, nous attendrons pour apporter des réponses à ces questions que :

  • ces expérimentations trouvent leur financement pour structurer des réponses partielles en système efficace permettant de gérer un « commun de proximité ».
  • les étudiants du M2 IIST de la promotion 2024-2025 poursuivent les réflexions de leurs prédecesseurs quant à un « service de location socio-éducatif ».

Les smartphones de plus de 4 ans n’ayant qu’une valeur financière souvent assez symbolique, mais conservant toujours une certaine valeur d’usage, nous avons décidé d’investiguer du côté des réciprocités pour s’autoriser à penser le réemploi de ces équipements.
Réemploi, initialement permis grâce à différents ateliers de reconditionnement rémunérés par des entreprises souhaitant proposer à leurs collaborateurs de pratiquer ce qu’Electrocycle a appelé de la « sensib’action« . A savoir découvrir par le faire, nouer un rapport différent aux objets que simplement de « consommation » et pratiquer « l’économie circulaire ».

3. Quelles réciprocités imaginées ?

3.1 Les services pédagogiques techniques et commerciaux en lycée professionnel

Le concept des UMENS a été élaboré dans le cadre d’un système de location/prêt de vieux smartphones dont l’une des composantes est celle d’un service pédagogique en lycée professionnel, à la fois technique (pour la filière métier service de l’environnement ou celle de la micro-technique voire celle du génie électrique) et, commercial (pour la filière commerce et vente). Ces deux filières travaillant idéalement dans la complémentarité. Par exemple, le service technique assurant la réparation des matériels et le service commercial assurant notamment le contrôle qualité des vieux smartphones voire l’accompagnement des utilisateurs.

3.2 Les UMENS, lieux de stage et d’initiation à la sobriété numérique ainsi qu’à la diffusion des connaissances

Sachant que les élèves de lycées professionnels sont tenus de réaliser un stage pour valider leur cursus, nous avons proposé qu’en échange d’une maintenance ou d’une aide ponctuelle pour améliorer la gestion du parc d’équipements prêté, les élèves réalisent leurs stages dans les UMENS. Le stage étant encadré par des représentants du lieu accompagné par Electrocycle ayant mission d’étendre l’expertise des élèves stagiaires sur les smartphones et les logiciels libres.
Les élèves ayant acquis de nouveaux savoirs lors du stage seraient, de retours dans leurs établissements, invités à les diffuser entre pairs .

Un premier stage d’un lycéen de première de la filière micro-technique du lycée professionnel de Levallois-Perret encadré par l’une des chargées de mission de l’équipe Tumo, accompagnée par l’association Electrocycle, a eu lieu en décembre. Une évaluation sera faite en 2025. Le retour d’expérience nous permettra d’améliorer le dispositif.
Il contribuera à un projet européen (PRoVEST) ayant vocation à professionnaliser enseignants et mentors dans l’enseignement professionnel pour créer des environnements d’apprentissage transformateurs puissants en vue d’une transition durable. Tout en changeant – nous l’espérons – le rapport des élèves (simple consommateur) vis a vis du numérique en développant leurs esprits critiques, leurs compétences et leurs connaissances.

Un des enjeux de 2025 sera de nouer de nouveaux partenariats pour multiplier les UMENS et donc assurer plus de débouchés tant pour les smartphones que pour les élèves de lycées partenaires.