Gouverner le numérique dans un monde en transition ?

Les 24 et 25 mai 2023 se tenait à Rennes, le colloque international « Gouverner le numérique dans un monde en transition ». Colloque organisé par Martin Ragot (Institut de recherche technologique B<>com), Luca Paltrinieri (Université de Rennes 1), Dominique Poitevin (Orange Innovation Lab) avec le soutien de 5 structures dans le cadre du projet de recherche « Echos ».
Nous (IGE, Electrocycle, Université Sorbonne Paris Nord, Vertige) y étions pour approfondir nos connaissances, réseauter, voire « recruter » des chercheurs pour le COPIL Recherche du projet ExPWA.
Que retenir ?

Journée 1 – Quelques concepts et problèmes posés par le numérique

Martin Ragot est intervenu en introduction de la première journée pour présenter Echos. « Ce projet vise à étudier les perceptions et représentations sociales associées au numérique, évaluer la consommation numérique et ses impacts sur la qualité de vie au travail, modéliser des règles de durabilité et de résilience liées aux systèmes socio-techniques intégrant le numérique, étudier les moyens de façonner des futurs numériques responsables à l’horizon 2040.
La perspective du colloque se voulait prioritairement philosophique même si la technique a été abordée à travers différents axes.

Gauthier Roussilhe, Chercheur spécialisé sur les enjeux environnementaux de la numérisation, et expert auprès de la commission européenne a démonté les mécanismes des deux principaux rapports produits l’un par les fabricants d’électroniques, l’autre par les opérateurs téléphoniques ventant sans prise en compte des faits l’impact positif du numérique dans la transition écologique.

Fabrice Flipo a rappelé qu’en 2007, un rapport avait déjà pointé à hauteur de 2% les contributions du numérique aux Gaz à effets de serre. Nous en sommes à 4%… Et, nous nous trompons de débat. Il ne serait pas technologique mais démocratique. C’est du mode de vie qu’il faut se préoccuper et changer les comportements.

Laurence Allard nous invite a Re-faire le numérique.

Pour Marcello Vitali-Rosati, les formats informatiques ne sont pas neutres et conditionnent aussi notre perception du numérique. Le terme de GLU a notamment été employé, illustré par l’exemple d’un « bonjour » codé en docx.

Anne Alombert a développé le concept « d’écologie (=prendre soin du milieu) de l’esprit ». Paul Valery avait déjà au début du XXe siècle identifié les prémisses de ce que le numérique allait porter à un degré bien plus important occasionnant charge mentale et captation de l’attention avec des effets négatifs tant mentaux que sociaux.

Face aux conséquences néfastes de « technologies zombies » et d’infrastructures écocides, Alexandre Monnin nous enjoint aux renoncements des attachements addictifs et à adopter des stratégies de démantèlement.

Le colloque s’est poursuivi le lendemain avec une optique plus centrée sur les acteurs économiques que sont les entreprises et le monde de la recherche. Avec un regard critique, quelques pistes de solutions ont été proposées.

Journée 2 : des pistes de solutions ?

Marc Vautier, nous a rappelé ce que disait Einstein « Un problème créé ne peut être résolu en réfléchissant de la même manière qu’il a été créé. » Et, donné quelques repères sur les directions prises par le groupe d’experts Environnement et Énergie dont il est le coordinateur chez Orange Innovation Lab.

Christel Fauchée s’est interrogée sur une redirection possible du numérique vers l’écologie où il retrouverait sa place d’outil avec des limites collectivement fixées.

Vincent Courboulay praticien de la conception responsable voit en elle une solution à un numérique plus écologique. L’adoption d’une nouvelle norme (Afnor avr. 2022) sur le sujet devrait être un facteur accélérant pour sa diffusion et un recentrage sur « l’IKIGAI ».

Anne Laure Ligozat s’est montrée moins enthousiaste face aux discours ambiants concernant l’IA dans la « transition écologique ». Elle soulignait les difficultés d’avoir des données précises et donc de pouvoir réaliser des études d’impacts ou des analyses de cycle de vie (ACV). Elle pointait du doigt leurs impacts énergétiques.

La matinée s’est conclue par une synthèse des différentes interventions au cours de ce colloque et une réflexion sur la place de l’ingénieur pour gouverner le numérique.

Le désigner était dans l’après-midi mis en avant lors d’un débat sur l’innovation responsable ou un panel d’experts s’est exprimé à B<>com, un institut de recherche.

Le réseautage et des connexions futures avec ExPWA ?

Les deux jours ont été l’occasion de poser des questions aux intervenants, de rencontrer des experts sur différents aspects du/des numérique(s) et peut être nouer de futures alliances pour mutualiser nos moyens et mettre en mouvement certaines des pistes de solutions avancées lors des échanges pour les projets SLOCS et ExPWA en visant les modes de vie.

Merci aux organisateurs et l’ensemble des intervenants pour ce colloque international extrêmement inspirant dont un des résultats pourraient être de futurs collaborations avec plusieurs des intervenants, participants et structures partenaires.

Cyril Desmidt


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